Préemption lors de notre vente de Livres & Manuscrits anciens

950€ pour le Journal de navigation de Joseph PRUGNIERES qui débute son récit le dimanche 12 août 1770, pour se conclure avec comme dernière entrée la date du vendredi 15 décembre 1772, présenté sous le numéro de vacation 83 lors de notre vente du 28 mai 2025 intitulée « Livres & Manuscrits anciens ».

Ce capitaine de navire et négociant débute son journal de navigation lorsque le navire “Le Henri” est appareillé au port du Verdon. Il s’achève le vendredi 15 décembre 1772 de retour en vue de pointe de l’Aiguillon. Entre-temps, le navire aura tracé la route vers Saint Domingue. Son capitaine Jean-Amable Lessenne s’est enrichi dans le commerce maritime, il put devenir lui-même propriétaire d’une plantation à Saint-Domingue et sa fortune lui permit de construire un imposant château dans la campagne rochelaise. Le lieutenant Prugnières consigne méticuleusement les données de situation, les conditions climatiques, les manoeuvres adoptées et les incidents de navigation (dont les navires et capitaines croisés, notamment le navire de traite négrière La Duchesse de Grandmont, des remarques ornithologiques, des relations avec l’équipage, etc.).

Après ces 64 pages de navigation, quelques feuillets vierges séparent trois autres pages, rédigées dans l’autre sens du cahier et qui donnent des éléments sur quelques mouillages ou passes : le pertuis d’Antioche, le pertuis breton, la passe de Grave.

Ce riche témoignage de l’histoire maritime a fait vibrer les passionnés qui ont été nombreux à s’intéresser à ce lot. À peine les enchères ouvertes, les enchérisseurs ont fait grimper les enchères dépassant de deux fois l’estimation haute. Alors que le commissaire-priseur clôture les enchères, une phrase mythique est prononcée parmi l’assistance de la vente « Sous réserve de préemption pour les musées de France au profit de … ». Dans le cadre de notre manuscrit, ce sont les Archives départementales de la Charente qui ont usé de leur droit de préemption pour acquérir ce précieux témoignage.

S’enclenche alors une procédure de confirmation de la préemption par l’instance muséale, archivistique, culturelle. L’objet n’est dès lors plus, sous la réserve d’un délai de quinze jours, la propriété du dernier enchérisseur et revient de droit à l’institution publique.

La préemption est un des biais d’acquisition pour les instances muséale, archivistique, culturelle. Fixée le 31 décembre 1921 et modifiée le 10 juillet 2000, cette loi autorise l’État à user d’un pouvoir de préemption le plaçant prioritaire pour toute acquisition.

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